16 ans plus tard !

samedi 13 mars 2010

Bon à savoir !


Madame la rédactrice en chef,

Je suis d'autant plus à l'aise pour répondre à votre éditorial menaçant que nous ne tenons plus en stock depuis plusieurs années l'emballage original de l'antiallergique qui a fait l'objet de l'enquête publiée dans le dernier numéro de votre revue. Nous ne gérons que l'un ou plus exactement que deux ses génériques, dont nous avons d'ailleurs fixé le prix à un niveau sensiblement inférieur à ceux que vous citez.

Je vous rappelle au passage que le projet évoqué dans votre éditorial et discuté aux chambres qui consisterait à imposer le générique le moins cher, ne concerne que les prescriptions médicales; s'il devait aboutir, les conséquences de ce projet d'irresponsables seront au moins doubles : 1. une dramatique réduction de la compliance de patients qui verront leurs médicaments changer de nom au fil des mois en fonction des stratégies commerciales de fabricants de génériques d'ores et déjà trop nombreux pour notre petit pays 2. une augmentation tout aussi dramatique des accidents thérapeutiques dues aux confusions qui naîtront de cette situation. Le coût de ces phénomènes conjugués sera sans commune mesure avec les économies auxquelles ce projet est supposé aboutir.

Quant à votre antiallergique le moins cher, que vos lecteurs sont invités à commander dans leur pharmacie, je dois aussi vous rappeler que le processus de commande spéciale que vous suggérez n'est pas gratuit. Il vous parait tout à fait normal de commander un article de 7.- et de le recevoir dans les heures qui suivent, avec un peu de chance encore livré gratuitement à votre domicile. Mais pour se procurer cet article à l'unité en quelques heures, un pharmacien doit pourtant reverser environ Fr 1.20 au principal grossiste du pays, sans tenir compte bien entendu de son prix d'achat, de la marge de son grossiste, de ses propres frais de traitement et suivi de la commande, le tout étant supposé être couvert par sa marge commerciale sur ce produit vendu autour de 7 francs ! Accessoirement, il lui faut aussi payer le payer le personnel qui aura fait ce travail et encore plus accessoirement sortir un revenu personnel pour lequel, comme vous , il se lève chaque matin pour aller travailler.

Pour respecter la volonté politique promue depuis quelques années et la logique économique qui en découle, pour tenir compte aussi de la diminution drastique des prix des médicaments qui rémunéraient autrefois des services offerts en pharmacie mais clairement déficitaires (ce cas d'un médicament de 7.- commandé spécialement en est un parfait exemple), ce pharmacien devra désormais reporter son coût d'approvisionnement sur le prix de vente qu'il peut librement fixer. Votre médicament commandé spécialement dont le prix "indicatif" vous paraissait bas, passera ainsi dans le cas présenté de 6.95 à Fr 8.15.

Votre lecteur qui n'aura pas retenu votre conseil et s'en sera tenu au produit initialement sélectionné par son pharmacien aura donc finalement économisé... 50 centimes !

Avec mes meilleures salutations,

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